Les enfants vivent des émotions intenses. Joie débordante, colère explosive, tristesse profonde : tout passe par le corps, les gestes, les cris… Et souvent, les parents se sentent démunis. Comment réagir ? Faut-il corriger, consoler, ignorer ?

La pédagogie Montessori, loin des méthodes punitives ou permissives, propose une approche respectueuse, centrée sur la connaissance de soi et l’intelligence émotionnelle.

Dans cet article, vous découvrirez comment Montessori peut vous aider à accompagner les émotions de votre enfant avec douceur, clarté… et beaucoup de sens.

1. Les émotions, une étape normale du développement

Entre 0 et 6 ans, l’enfant traverse ce que Maria Montessori appelait "la période sensible de l’ordre intérieur". Ses repères ne sont pas encore solides, et son cerveau émotionnel (le système limbique) est en pleine construction.

Résultat : il ressent très fort, mais ne sait pas encore réguler.

Il n’est pas « capricieux » :

• Il est submergé par une émotion qu’il ne comprend pas.
  
• Il cherche une réponse, un cadre rassurant.
  
  

Votre rôle n’est pas de contrôler ses émotions, mais de lui apprendre à les identifier, les accueillir et les exprimer sainement.

2. La posture de l’adulte selon Montessori

Dans la pédagogie Montessori, l’adulte est un modèle et un guide émotionnel.

Votre rôle :

• Observer sans juger (« Il crie » ≠ « Il est méchant »)
  
• Nommer les émotions avec des mots simples
  
• Apporter sécurité et constance
  
• Rester calme pour réguler le sien
  

En gardant une posture posée, vous aidez l’enfant à retrouver la sienne.

3. Outils concrets pour accompagner les émotions

1. Mettre des mots sur ce qu’il ressent

« Tu es en colère parce que tu voulais encore jouer et il faut partir. »
Cela l’aide à se sentir compris et à mettre un nom sur ce qu’il vit.

2. Proposer un coin calme

Installez un petit espace avec :

• Coussin, veilleuse
  
  
• Livre sur les émotions
  
  
• Bouteille sensorielle ou balle à presser
  
  

Ce n’est pas une punition, mais une invitation au retour au calme.

3. Créer une routine émotionnelle

À certains moments de la journée (le soir par exemple), posez des questions simples :

• « Qu’est-ce qui t’a rendu content aujourd’hui ? »
  
  

• « Qu’est-ce qui t’a un peu fâché ? »
  
  

Cela favorise l’expression verbale et l’écoute mutuelle.

 

 

4. Activités Montessori pour explorer les émotions

• Cartes d’émotions à associer avec des situations vécues
  
  

• Poupées ou marionnettes pour rejouer une dispute ou une peur
  
  

• Dessins libres après une émotion forte
  
  

• Bouteilles de retour au calme : observer la lente descente des paillettes apaise le système nerveux
  
  

Ces supports permettent à l’enfant de canaliser plutôt que d’exploser.

 

 

5. Gérer les émotions difficiles sans crier ni punir

Selon Montessori, l’enfant ne fait pas de crise "contre" vous, mais avec vous.

Comment réagir ?

• Ne pas interrompre brutalement (ex. : "Arrête de pleurer !")
  
  

• Être disponible sans surprotéger : « Je suis là quand tu es prêt. »
  
  

• Proposer un contact doux : main posée, regard bienveillant
  
  

S’il vous pousse ou crie : « Je vois que tu es très en colère. Tu peux crier, mais tu ne peux pas frapper. »

Ce cadre ferme mais rassurant est ce dont l’enfant a besoin pour apprendre la régulation émotionnelle.

 

 

6. Accepter que les émotions prennent du temps

Accompagner les émotions, c’est un processus, pas une méthode rapide.

Il y aura des moments où vous serez fatigué, agacé, impuissant.
Et c’est normal.

Mais à force de constance, votre enfant apprendra peu à peu à se connaître, à se calmer seul et à faire preuve d’empathie.

 

 

Des enfants connectés à leurs émotions = des adultes plus sereins

Maria Montessori a toujours vu l’enfant comme un être complet : corps, esprit et cœur. En l’aidant à comprendre ses émotions, vous ne lui apprenez pas juste à “se tenir tranquille” :
vous lui apprenez à vivre en paix avec lui-même et avec les autres.

Et si, demain, il devient un adulte capable d’écouter, de dire « je me sens… », de poser ses limites sans violence, ce sera grâce à ces petits moments partagés avec vous.